« On donne par orgueil plus que par charité. » Avec Griffin L. Jenkins

« Entourée d'une foule si virevoltante, on se sent parfois si esseulée, emplie d'un abîme de tristesse. Le monde semble d'une étrangeté bouleversante, si bien qu'en vérité nous sommes telle, une pièce égarée qui ne sait retrouver le puzzle de sa propre existence. Perdu dans un univers si complexe, on finit par ne plus savoir quels sont les méandres de son propre être. À ceux qui croient qu'il est indiscutable, de revêtir la vérité de son âme, je dirai ceci : la crainte de perdre totalement sa place de l'univers pour lequel, on lutte si désespérément, si ardemment, afin d'y appartenir, nous fait peur. Après tout, le rejet de ceux, dont nous vouons un amour profond, est pire  que la perte  de   soi-même. »


Je me sentais si las et pourtant la soirée ne faisait que commencer. D'ailleurs, l'ambiance était festive, difficile d'imaginer qu'on était en train d'assister à un gala de charité, pensais-je cyniquement. En vérité, ce genre d’événement supposément caritatif m'étaient toujours apparu, comme dénoué de toute sincérité, ayant pour seul objectif de se faire bien voir, auprès de ses semblables. Mon père, comme nul autre, excellait dans l'art de se montrer aimable aux yeux des tous. Cette nonchalance de fausseté, m'exaspérait seul. La chose devenait si sérieuse, depuis qu'il avait eu la sotte idée, de se lancer à la course aux élections sénatoriales. Mon père sénateur, l'enfer me tomberait sur les pieds. Déjà qu'en tant que procureur, nous étions obligés, moi et ma sœur, de participer à ses simulacres de vie, rien que d'imaginer ce que cela deviendrait, s'il gagnait l'élection me donnait la nausée.

Seul, je descendis la deuxième coupe de champagne que j'avais chapardé, sur un plateau un peu plus tôt. Dans tous les cas, il allait me falloir bien plus que ça, pour supporter cette exécrable soirée. Plus qu'à espérer que je trouverai le moyen de m'évader discrètement de ce gala, sans quoi je risquerai bien de me morfondre dans un profond ennui. J'ignorai les gens qui me saluaient, ou me souriaient. De toute façon, malgré leur tentative de dissimuler leur pensé, par une complaisance navrante, cela ne m'empêchait pas de savoir parfaitement, ce qu'il pensait de moi. Ils songeaient sans aucun doute, à la réputation que m'attribuaient les ragots. En vérité, à mes yeux, cela n'avait aucune importance. À cette idée, je volais de nouveau une coupe, à un serveur qui passait à côté de moi.

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