« Dans les méandres de l'existence, où le mensonge taraude la vérité, je me languis du jour qui anéantira l'obscurité. Je me languis de cet instant, où je me tiendrai à tes côtés, contemplant l'horizon d'une mer apaisée. Si la peur insidieuse de la vérité fait frissonner ma chaire, elle n'est rien comparée au chemin du simulacre, conduisant inexorablement mon esprit vers le gouffre sans fin de la folie. Bien qu'il n'y ait pas de berme vers la véracité sans répercussion, je la laisserai faire sienne de ma destinée. »_____________________________________________
Mes yeux étaient rivés au cadran contre le mur, derrière le Docteur Peterson. Il restait à présent plus que cinq minutes avant la fin de la séance. Le Docteur toussota légèrement, mon regard se reporta sur lui, alors qu'il ajoutait à mon intention :
« Nous reparlons de cela à la prochaine séance », il croisa ses bras, puis poursuivit sur le même ton :
« Concernant votre hypermnésie, avez-vous commencé la thérapie par écrit ? » Lorsqu'il m'avait conseillé de le faire, au cours de la dernière séance, je l'avais regardé comme s'il devenait trop sénile, pour être mon psychologue. Ma sœur tenait ce que l'on appelait volontiers un "journal intime", au vu de ce que j'avais lu dedans, il ne s'agissait là que de futilités déconcertantes. Oh et puis, si vous pensez qu'il n'est pas respectueux de fouiller dans les affaires personnelles de sa sœur, c'est que vous ne connaissez pas la mienne. Autant, elle est prête à tout, pour parvenir à ses fins. Autant quand j'ai besoin d'une information qu'elle préfère me dissimuler, elle est capable de se transformer en une véritable harpie.
Quoiqu'il en soit, je répondais dans un soupir au Docteur Peterson :
« J'ai commencé à noter quelques trucs. » Le visage du psychologue parut se détendre et il dit en souriant quelque peu :
« C'est une bonne chose, comme je vous l'ai indiqué au cours de la dernière séance, il s'agit de noter les souvenirs, les mémoires qui tournent en boucle dans votre tête. » A ses mots, je croisais les bras en reculant. Je n'aimais pas vraiment aborder le sujet de ce qui : " tournait en rond dans ma tête", comme le disait si bien le Docteur Peterson. Il parut remarquer mon changement d'humeur et après un rapide geste de la main, pour indiquer que le sujet était clos, il fixa la date de notre prochain rendez-vous. En vérité, mon esprit était déjà ailleurs, me demandant si Athéna, avait fini sa dialyse, ou si je devrais patienter dans la salle d'attente, de l'unité Néphrologie et d'Hémodialyse.
L'esprit toujours accaparé par cette question, j'avais quitté le bureau du Docteur Peterson, pour rejoindre l'accueil du service, où Athéna devait s'être rendu. Je passais devant une infirmière et alla m'installer en salle d'attente. Cette dernière me demanda alors : si j'avais rendez-vous, mais j'expliquais brièvement que j'attendais mon amie.