Repenser son quotidienDéjà presque deux mois que je suis revenu au pays, dans l'Oregon. Ca en fait des jours restés ici ; la plus longue série depuis bien des années nous n'en sommes plus bien loin si ce n'est pas le cas exact. Des bouffées d'oxygène, de l'air pur qui contraste avec les masques portés dans un cockpit pressurisé tout là-haut. Fouler la terre plutôt que les airs, à une vitesse mille fois moins rapide mais ô combien plus entrainante pour des muscles qui étaient plus souvent contraints à la passivité en haute altitude.
Du cardio, qu'est-ce que j'en ai mangé en exercice préparatoire dans les camps d'entraînement. Des vérifications à la pelle sur mon état de santé, la résistance de mon coeur et des organes principaux qui pouvaient être mis à mal une fois le décollage initié. L'endurance, nous la travaillions régulièrement avec l'escadron, peu importe avec quel détachement je me trouvais. C'était devenu une habitude, au moins une fois par semaine minimum de profiter des environs naturels autour de la base ou de la partie sécurisée du tarmac pour s'adonner à un footing en moyenne d'une heure quinze.
Et comme je suis un peu maso, même en arrêt carrière, je ne me laisse pas y déroger avec une fréquence qui dépend désormais fortement des jours où je ne suis pas avec mon fils. Nouvelle priorité oblige, je me lève à 4h30 du matin pour sortir vingt à trente minutes plus tard que quand il est chez sa mère. C'est ce qui est aujourd'hui, alors je me chausse de mes vieilles baskets que je songe à remplacer dans un futur assez proche au regard des trous apparents le long de mes lacets. Je passe pas loin de deux heures sur les sentiers aménagés en forêt au Nord de la ville dans laquelle je trace une boucle pour doucement rentrer. Vers les 7h je croise un peu de monde et m'aligne sur le rythme d'une personne :
- Bonjour, je peux faire un bout de chemin à vos côtés ? 2981 12289 0
Dim 28 Avr - 18:50
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Repenser son quotidien -Il faisait encore sombre quand je me leva, il était 6h du matin et j'étais déjà en forme, et ce, malgré mes études qui m'épuisaient souvent. Le temps de sortir de mon lit, je repensais aux personnes que j'avais soutenu à l'hôpital hier, j'aimais voir leurs sourires sur leurs visages malades. C'était sans doute cela qui me donnais de la force pour avancer dans la vie, et surtout continuer ces études difficiles, une fois debout, je m'étira et alla prendre une douche. Une fois fait, j'enfila mon short de sport ainsi que mon top et mis mes baskets pour aller courir, j'attachais mes cheveux en queue de cheval pour ne pas être gênée pendant mon jogging du matin.
-Il était presque 7h du matin quand je fut prête, je mis mes écouteurs dans mes oreilles, et activa mon portable avec ma playlist favorite, je ne faisais rien sans ça, cela m'aidais à me concentré. Je sort alors de mon petit appartement, et je commença à courir en direction du nord, vers la forêt, à cette heure ci, il y avait pas mal de joggeurs. Une fois sur les lieux et tout ça sans m'être arrêter une seule fois, je continuais a courir à mon rythme et toujours avec ma musique quand les oreilles. Quelques secondes plus tard, un homme vint courir à mes côtés, je le regardais en retirant un de mes écouteurs, celui ci me demandais si il pouvait courir a mes cotés un moment, et c'est avec un petit sourire timide que je lui répondit.
-"Bonjour, bien sûr avec plaisir".
-Je n'avais pas l'habitude d'être accoster comme ça de bon matin, mais bon, cette route appartenait à tout le monde et cela ne me dérangeais pas du tout de courir accompagnée. Je ne savais pas vraiment quoi dire, mais je posais la question quand même, tout en essayant de garder un bon souffle.
-"Je ne vous ai jamais croiser avant, vous êtes nouveau en ville ?".
Repenser son quotidienCourir ne me dérange pas pour le moins de monde. Être seul pas vraiment non plus. C'est l'alliance des deux qui est plus dérangeante dans ma conception de l'activité, moi qui ai toujours eu pour habitude de pratiquer du sport en équipe, à plusieurs. Cela est sans doute une raison pour laquelle ce footing perdure si longtemps, avec un sentiment d'inaccompli dans l'exercice, de but collectif que je ne pourrai plus atteindre comme nous le faisions entre pilotes et élèves.
Il y a un réel plaisir à voir ces personnes se rajouter dans le décor et les voir se concentrer sur leur respiration, guidés par leurs pas légers et rapides amortis par la semelle en caoutchouc de leurs baskets. Beaucoup s'isolent dans une bulle où seule la musique les entraîne. Un concept avec lequel j'ai du mal, même si je devrais essayer pour pouvoir juger des sensations certainement différentes. Porter des bouchons dans les oreilles m'évoque la réclusion plus qu'autre chose au niveau social. Mais c'est un phénomène qui date depuis l'apparition des CD baladeurs et des mp3, peut-être ne suis-je moi pas en phase avec mon époque.
Mais en Oregon on y trouve cette aisance chez les gens à tolérer l'autre plus facilement que ce ne serait le cas dans d'autres États. Cette jeune femme consent à me laisser me régler sur sa vitesse en-deçà de la mienne, ce qui me permet une phase agréable de récupération, et entame la discussion.
- Non. Je connais Portland depuis mon enfance. Mais j'en déduis que vous venez souvent par ici ?
Sa question me fait toutefois remarquer que je n'ai pas dû mettre souvent les pieds dans cette forêt que je redécouvre et où nous avançons à petites enjambées. 2981 12289 0
Mer 1 Mai - 11:16
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Repenser son quotidien -Continuant mon activité, et cette fois, avec un parfait inconnu, d'ailleurs je m'étonnais à parler facilement avec lui. En général, j'évite les gens que je ne connais pas, mais il avait l'air sympa et aussi un peu larguer sur sa situation actuelle, puis j'avoue que c'est plus motivant de parler en faisant du sport. Je restais concentré sur ma respiration tout en l'écoutant, j'avais raison de penser qu'il était du genre a partir souvent et longtemps.
-"Je vois, retour au bercail pour vous alors, pour ma part j'essaye de faire un jogging au moins trois fois par semaines, mais c'est difficile avec mon emploi du temps."
-Je n'allais pas lui raconter ma vie, c'était pas mon truc, et j'allais pas non plus lui demander de me raconter la sienne, vu que a y penser, je n'allais peut-être pas le revoir de sitôt. Nous arrivons enfin au bout de la forêt, tout le monde s'arrêtais pour se reposer un peu, sur les bancs entourant le lac ou je repris mon souffle tout en étirant mes fines jambes. La sueur et le vent encore frais du matin, rafraîchissais suffisamment pour faire baisser la température du corps, je le regardais alors en souriant légèrement.
-"Et bien voila, ce fut un bon jogging en votre compagnie, je vais juste avoir le temps de rentré me rafraîchir avant d'aller en cours."
-Et oui, on profite de chaque moment de libre, mais la réalité revient toujours au gallos et la vie reprend son cours. Je pris ma bouteille d'eau et bu une gorgée, je lui propose d'ailleurs aussi un peu de celle ci.
Repenser son quotidienTrois fois par semaine ? Alors peut-être nous reverrons nous puisque je compte bien remplir mon emploi du temps de cette manière dans mon nouveau quotidien qui manque pour l’instant d’activités. Il y aura évidemment toujours Julian qui passera en priorité sur tout le reste, mais les journées où je serai seul je comblerai mon temps libre pour varier de mes lectures et commentaires sur les forums de littérature.
Pendant que cette jeune femme m’a laissé à mes pensées, nous en avons terminé de notre mise en forme matinale. Ma question de savoir quel travail occupe ses journées est anticipée quand elle annonce devoir aller en cours. Elle est donc encore étudiante.
- Pour quelle vocation ?
Je décline son offre d’hydratation d’un geste de la main, ne buvant pour ainsi dire pas durant l’effort mais beaucoup avant ainsi qu’après, et reprends la marche plus calme sur les prochains mètres. Je ne vais tout de même pas courir de l’aube au crépuscule ! J’ai de la réserve pour sûr, mais il ne faut pas en abuser non plus. Et puis j’aimerais redécouvrir certains endroits de Portland.
- On peut continuer jusqu’à ce que nos chemins se séparent. Je ne veux pas vous faire flipper … C’est juste que je ne suis pas du tout un solitaire, alors je profite de croiser des gens pour être un peu plus à l’aise.
C’est vrai que mon attitude pourrait inquiéter, surtout si on a lu James Hayman et son thriller L’Ecorcheur de Portland, bien que ce soit la ville située dans le Maine. Mais sur terre j’ai toujours été entouré de gens dans mon escadron que c’est particulier de devoir désormais bouger seul. 2981 12289 0
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Déjà presque deux mois que je suis revenu au pays, dans l'Oregon. Ca en fait des jours restés ici ; la plus longue série depuis bien des années nous n'en sommes plus bien loin si ce n'est pas le cas exact. Des bouffées d'oxygène, de l'air pur qui contraste avec les masques portés dans un cockpit pressurisé tout là-haut. Fouler la terre plutôt que les airs, à une vitesse mille fois moins rapide mais ô combien plus entrainante pour des muscles qui étaient plus souvent contraints à la passivité en haute altitude.
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Courir ne me dérange pas pour le moins de monde. Être seul pas vraiment non plus. C'est l'alliance des deux qui est plus dérangeante dans ma conception de l'activité, moi qui ai toujours eu pour habitude de pratiquer du sport en équipe, à plusieurs. Cela est sans doute une raison pour laquelle ce footing perdure si longtemps, avec un sentiment d'inaccompli dans l'exercice, de but collectif que je ne pourrai plus atteindre comme nous le faisions entre pilotes et élèves.